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templation des multiples enlacements le secret des courbes, des rythmes et des formes unies, le point où du froissement de la chair enfiévrée jaillit l’idée elle-même de l’amour, de l’infini s’évadant du fini.

Il advint que la princesse Alilat désira connaître ces jeux et charmer son regard de la beauté mêlée des esclaves : car dans son pays comme en Étésie les choses de la chair étaient distinctes de la pudeur, vertu réservée aux personnages de haut rang et n’ayant aucun sens relativement aux êtres inférieurs, dont les caprices sensuels n’importaient point. Alilat fit prévenir Sparyanthis, qui satisfit à son désir. Elle parut, avec ses femmes, grave en une longue robe noire aux fleurs violettes, et tandis que, sur son ordre, ses suivantes s’associaient à la cérémonie exquise et impure du bain, elle s’assit auprès de Sparyanthis. L’adolescent en ses molles chlamydes semblait, ambigu par les joyaux et le visage imberbe à l’épiderme floral, une sœur plus jeune de cette pâle et sérieuse princesse aux yeux farouches. Tous deux, emplis d’un même respect pour le sens religieux de la luxure, regardaient sans ennui et sans sourire le lent tournoiement des formes nues, des jeunes hommes et des jeunes femmes enlacés, contournant la margelle de porphyre de la vasque ou dissimulant à demi dans les voiles de l’eau lucide la réunion soupirante de leurs formes, tandis qu’adossés au fond