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noirâtre des murailles de cyprès, comme autant de bouquets de roses changés en statues, attendaient d’autres esclaves, et que s’élevait en souffles ou en rires l’étrange et prenante musique, dissimulée dans les feuillages, dont Sparyanthis lui-même s’était plu à scander les rythmes et à composer les cadences.

Par instants, le visage impérieux d’Alilat se détournait vers le sien, et ils se considéraient froidement, sans parler, comme retenant une pensée qu’ils ne voulaient point dire.

Enfin, Alilat félicita Sparyanthis sur la charmante beauté des formes de sa favorite, et lui demanda depuis quelle époque il l’avait distinguée.

— C’est, dit nonchalamment Sparyanthis, depuis le jour ou mon frère Cimmérion revint, vous ramenant avec lui de la guerre. Elle m’éveilla pour m’annoncer son retour, et sa grâce unie dans mon esprit à la bonne nouvelle qu’elle m’apportait, me parut plus douce. Aussi décidai-je en mon cœur d’élire celle-ci parmi toutes celles qui dans les appartements de mon palais attendaient mon caprice : avec elle passerai-je une saison jusqu’à ce que, son arôme lassant ma curiosité, je la relègue parmi celles qui ne sont plus pour moi que des formes, mêlées à d’autres pour le plaisir de mes yeux, mais éloignées de ma couche.

— Heureuse sera-t-elle, dit mélancoliquement Alilat,