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signifient la mort, il vit cette mince sinuosité rejoindre invariablement la sienne et nouer avec elle, sur le tableau magique, le signe qui est le chiffre de l’indissoluble. Sans doute, retirée en ses appartements lointains, l’Orientale poursuivait-elle son œuvre mystérieuse, en invoquant des génies plus puissants que ceux de l’Étésie.

Sparyanthis souffrit. Il pensait à son frère Cimmérion qu’il aimait et qui avait ramené dans le palais un principe de mort et de désespérance, en croyant y ramener la joie.

À certaines heures, il songeait à lui dire l’aveu d’amour de la princesse Alilat. Puis, il reculait à l’idée de détruire ainsi le bonheur de son frère ; et il savourait aussitôt, en un furieux sursaut de remords et de convoitise qu’il ne saurait arracher de son cœur, une haine farouche en voyant Alilat exilée ou suppliciée par la colère cruelle de Cimmérion. Puis une révolte lui naissait contre l’inconscience du soldat qui revenait de ses chasses favorites, les soirs, cambré dans sa jaque de cuir souillée de sang, faisant sonner ses jambières de bronze, surgi l’épieu au poing parmi ses officiers boueux et hâlés et l’encombrement des esclaves traînant aux dalles des vestibules les animaux égorgés. Alilat lui offrait la coupe, avec son sourire calme et sa grâce hautaine, et parfois, écartant d’un geste ses