Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 35 —

Sparyanthis avant tout, et l’idée que Cimmérion ne posséderait jamais celle d’Alilat lui donnait une émotion de joie douloureuse. Elle avait dit vrai, du fond de son âme de mystère ; ils étaient faits tous les deux pour l’union spirituelle, pour la prédominance magique orientant l’Étésie vers des destins merveilleux, en faisant le centre d’un monde talismanique contre lequel nulle levée de glaives ne prévaudrait…

Ainsi peu à peu entraient dans Sparyanthis des sentiments nouveaux, dont s’étonnait son âme inquiète, et c’était comme la découverte en lui-même de formes inusitées de l’amour. Un mysticisme étrange, longtemps et vainement cherché dans la volupté, se dévoilait à ses yeux : il en eût parlé sans gêne à son frère s’il l’avait su intelligent, mais Cimmérion n’eût pu comprendre, et ainsi l’amour de Sparyanthis pour Alilat, peu à peu surélevé au-dessus de la chair, s’accroissait en force de secret. Il lui devenait presque légitime de cacher cette réunion d’âmes que la fureur aveugle de l’époux eût broyée dans un meurtre injuste. Dans ses méditations solitaires. Sparyanthis atteignait à des révélations telles que seuls les mages venus du fond de l’Asie, les voyageurs ayant connu la Grèce, écoutés avidement par lui lorsqu’ils passaient en Étésie, avaient pu lui en faire pressentir l’essence. Du désir barbare, satisfait de la pénétration de la chair, était née, comme une fleur