Page:Camille Mauclair. Le poison des pierreries.pdf/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 45 —

chevelure teinte de poudres rouges croulant comme une crinière sur sa chair vibrante, l’amoureuse, avec des cris et des paroles achevées en râles, s’offrait cynique et presque effroyable. Puis elle défendait à Sparyanthis de la saisir, lui donnait rendez-vous en quelque autre détour. Et il l’y retrouvait coiffée de la tiare, ruisselante de gemmes, assise parmi ses suivantes, avec un sourire de dignité, et son âme toute chaude au souvenir des torsions de la satyresse s’aiguisait douloureusement sur la pierre froide de cet ironique contraste.

Alilat souvent le surprit, glissée au silence spacieux des portiques loin de la couche du porte-glaive, ombre hantant les vestibules et posant aux lèvres des soldats éveillés par son frôlement, avant qu’ils eussent fait cliqueter leurs armes, la fleur odorante qui était son signe spécial et qu’allongeait prestement son bras blanc. Elle disparaissait, et l’homme d’armes renversait contre la muraille sa tête casquée de cuir, en souriant avec l’indifférence du servage. Nul, devant ce signe convenu, n’eût songé à parler, la personne princière étant l’image elle-même de la mort, c’est-à-dire de la toute-puissance. Alilat parvenait jusqu’aux appartements de Sparyanthis. Les tentures de soie se soulevaient, il tressaillait, apercevait une mince forme de femme modelée dans un vêtement d’esclave, et refermait les yeux. Mais alors l’esclave l’embrassait violemment aux lèvres, et c’était