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fut morne, les fleurs fanées aux trophées pendirent, la rouille rongea les armures des vestibules. Les esclaves, sous des voiles, obstinément dérobèrent leurs nudités refusées. Il n’y eut plus de fêtes aux vasques versicolores, les jets d’eau moururent sans bruit dans l’oubli. Une pâleur régna sur l’Étésie.

Dans la consommation du crime s’écoulèrent les jours. À présent, Cimmérion ne vivait plus que par une joie, celle de posséder Alilat, qui s’offrait à lui parée de toutes ses gemmes, froissées à la poitrine du guerrier lassé. De toutes ses gemmes naissait un maléfice : les rubis décoloraient le sang, les saphirs et les améthystes pâlissaient les veines, les diamants ternissaient l’éclat des yeux, les calcédoines et les topazes fanaient les chairs, et tout ce qu’avait touché Athana donnait la mort à l’homme ébloui de sa somptueuse épouse. Le poison des pierreries transsudait, la vie de Cimmérion enrichissait les minéraux fatidiques. Les nuits, tandis que le prince Cimmérion dormait, baigné d’une sueur dont chaque goutte était une perle de collier, Alilat rejoignait Sparyanthis, elle détachait les agrafes d’or des parures et son amant la possédait riche de sa seule chair pâle.

Mais cette chair était par elle-même le poison irrémédiable pour le prince épuisé qui passait les jours dans de mornes attitudes, avec l’immense stupeur de sentir