Page:Cammaerts - Les Bellini, Laurens.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LES BELLINI.

de Saint-Marc, actuellement dans l’Opéra de cette église. Ils représentent, d’un côté, saint Marc (p. 33) et saint Théodore, de l’autre, saint Jérôme et saint François. Ces quatre figures, plus grandes que nature, sont peintes assez grossièrement. On ne peut les voir avec le recul nécessaire à la place qu’elles occupent actuellement, et elles ne peuvent fournir un exemple concluant de la manière de l’artiste. L’influence de Mantegna est évidente, surtout dans les figures de saint Marc et de saint Théodore, se profilant devant une arcade antique semblable à celle qui encadre Saint Jacques devant son juge (Eremitani) : même perspective plongeante, raccourcissant les pieds des personnages, mêmes guirlandes de fruits ornementales. N’oublions pas pourtant que ces guirlandes et ces architectures se retrouvent dans les dessins de Jacopo, de qui Mantegna lui-même les tenait en partie. Le Saint François, au revers, reproduit exactement la composition d’une esquisse du recueil du Louvre (n° 67).

La première œuvre datée de Gentile est un tableau d’autel représentant le patriarche Lorenzo Giustiniani, ou plutôt « San Lorenzo Giustiniani » (1465, actuellement à l’Académie de Venise). Ce tableau, peint à la détrempe sur toile, a beaucoup souffert, mais le vigoureux profil du saint, la rigidité hiératique des draperies accusent un style parfaitement développé. Il est fâcheux que nous ne puissions comparer cette œuvre avec l’effigie du patriarche peinte, neuf ans auparavant, par Jacopo, sur son tombeau, dans l’église San Pietro di Castello.