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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/114

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existait cependant entre madame Clotilde et Marie-Antoinette. Il s’éleva même quelque rivalité sur l’article de l’éducation, et on s’expliqua assez haut et très-défavorablement sur celle que l’impératrice Marie-Thérèse avait fait donner à ses filles. L’abbé de Vermond se crut offensé, prit part dans cette querelle, et unit ses plaintes et ses plaisanteries à celles de madame la dauphine sur les critiques de la gouvernante, et s’en permit même à son tour quelques-unes sur l’instruction de madame Clotilde. Tout se sait dans une cour. Madame de Marsan fut à son tour instruite de ce qui s’était dit chez la dauphine, et lui en sut très-mauvais gré. À partir de ce moment, il s’établit un foyer d’intrigues, ou plutôt de commérage, contre Marie-Antoinette, dans la société de madame de Marsan ; ses moindres actions y étaient mal interprétées ; on lui faisait un crime de sa gaieté et des jeux innocens qu’elle se permettait quelquefois dans son

    caractère qui rendent les vertus faciles ; elle annonçait plus d’un trait de ressemblance morale avec le duc de Bourgogne, l’élève de Fénélon. L’éducation et la piété agirent sur elle comme sur ce prince : les leçons, les exemples dont on l’entoura l’ornèrent de toutes les qualités, de toutes les vertus, et ne lui laissèrent de ses premiers penchans qu’une aimable sensibilité, de vives impressions, une fermeté qui semblait faite pour les malheurs terribles auxquels le ciel la réservait. »

    Nous aurons plus d’une fois occasion, dans le cours de ces Mémoires, et dans l’ensemble de cette Collection, de remarquer sa constante amitié, sa touchante résignation, son dévouement sublime, ou son angélique douceur, jusqu’au moment où elle montra le courage héroïque et calme du martyr.

    (Note de l’édit.)