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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/115

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intérieur avec les plus jeunes de ses dames, et même avec des femmes de son service. Le prince Louis de Rohan, placé à l’ambassade de Vienne par cette société, y fut l’écho de ces injustes critiques, et se jeta dans une série de coupables délations qu’il colorait du nom de zèle. Il représentait sans cesse la jeune dauphine comme s’aliénant tous les cœurs par des légèretés qui ne pouvaient convenir à la dignité de la cour de France. Cette princesse recevait souvent de Vienne des remontrances dont la source ne pouvait lui demeurer long-temps cachée, et c’est à cette époque qu’il faut rapporter l’éloignement qu’elle n’a jamais cessé de témoigner au prince de Rohan.

Vers le même temps, la dauphine eut connaissance d’une lettre écrite par le prince Louis à M. le duc d’Aiguillon, dans laquelle cet ambassadeur s’exprimait en termes peu convenables sur l’attitude de Marie-Thérèse, relativement au partage de la Pologne. Cette lettre du prince Louis avait été lue chez la comtesse Du Barry[1] ; la légèreté de la correspondance de l’ambassadeur blessait à Versailles la sensibilité et la dignité de la dauphine, tandis qu’à Vienne les rapports qu’il faisait à Marie-Thérèse contre la jeune princesse, finirent par lui rendre suspects les motifs de ces interminables plaintes.

  1. Voyez les détails piquans relatifs à cette anecdote dans les Mémoires de Weber, tome Ier, pag. 304.