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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/118

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Ce ne fut que deux mois après la mort de Louis XV, que la cour de Vienne obtint son rappel. Les griefs positivement énoncés, furent : 1o les galanteries publiques du prince Louis avec des femmes de la cour et d’autres d’un genre moins distingué ; 2o sa morgue et sa hauteur à l’égard des autres ministres étrangers, ce qui aurait eu des suites majeures, surtout avec les ministres d’Angleterre et de Danemarck, si l’impératrice elle-même ne s’en fût mêlée ; 3o son mépris pour les choses de la religion dans le pays où il était le plus nécessaire d’en montrer. On l’avait vu souvent se revêtir d’habits de toutes les couleurs, prenant les uniformes de chasse des

    parente modération, est un des plus dangereux ennemis de Marie-Antoinette. Nous en prévenons le lecteur.

    Georgel, secrétaire de l’ambassade de France en Autriche, tenait d’un mystérieux inconnu, comme on l’a pu voir en lisant la note (B), les secrets les plus importans de la cour de Vienne.

    « L’homme masqué me remit un jour, dit-il, deux instructions secrètes envoyées au comte de Mercy pour les remettre lui-même à la reine : la première ostensible au roi ; la seconde pour la reine seule. Cette dernière contenait des conseils sur le mode à prendre pour suppléer à l’inexpérience du roi, et profiter de la facilité de son caractère pour influer dans le gouvernement sans avoir l’air de s’en mêler. Cette leçon politique était donnée avec beaucoup d’art à Marie-Antoinette : on lui faisait sentir que c’était la voie la plus sûre pour se faire adorer des Français dont elle pourrait par-là faire le bonheur ; et en même temps resserrer les liens qui unissaient les deux maisons d’Autriche et de Bourbon. »

    On voit ce que Georgel veut faire entendre ; et si la cour de Vienne est habile dans ses leçons, l’abbé l’est aussi dans sa haine.

    (Note de l’édit.)