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différens seigneurs chez qui il allait, avec tant de publicité, qu’un jour de Fête-Dieu, lui et toute sa légation, en uniforme vert, galonné en or, avaient forcé une procession qui les gênait, pour se rendre à une partie de chasse chez le prince de Paar ; 4o des dettes immenses contractées par lui et ses gens, dettes qui ne furent que tardivement et imparfaitement acquittées[1].

Les mariages successifs du comte de Provence et du comte d’Artois avec deux filles du roi de Sardaigne, augmentèrent à Versailles le nombre des princesses de l’âge de Marie-Antoinette, procurèrent à la dauphine une société plus conforme à son âge, et changèrent sa position. D’assez beaux yeux attirèrent à madame la comtesse de Provence, lors de son arrivée à Versailles, les seules louanges qu’il était raisonnablement permis de lui donner.

La comtesse d’Artois, sans difformité dans la taille, était fort petite et avait un très-beau teint ; son visage assez gracieux n’avait cependant rien de remarquable que l’extrême longueur de son nez. Mais, bonne et généreuse, elle fut aimée de ceux qui l’environnaient, et jouit même de quelque crédit, tant qu’elle fut la seule qui eût donné des héritiers à la couronne[2].

  1. Voyez dans les pièces, lettre (E), les détails donnés par l’abbé Georgel, secrétaire de l’ambassade de Vienne, sur le rappel du cardinal.
    (Note de l’édit.)
  2. « Madame d’Artois, dit un écrit du temps, a fait son entrée à Paris. Les équipages étaient superbes et aussi élégans que riches ;