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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/145

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trois cent soixante mille francs, dont le paiement fut réparti en différentes sommes et acquitté, en quatre ou cinq années par la première femme de la reine, chargée des fonds de sa cassette. Je n’ai omis aucuns détails sur cette première acquisition, les croyant très-propres à jeter un vrai jour sur l’événement trop fameux du collier, arrivé vers la fin du règne de Marie-Antoinette. Ce fut aussi à ce premier voyage de Marly que madame la duchesse de Chartres, depuis duchesse d’Orléans, introduisit, dans l’intérieur de la reine, mademoiselle Bertin, marchande de modes, devenue fameuse, à cette époque, par le changement total qu’elle introduisit dans la parure des dames françaises.

On peut dire que l’admission d’une marchande de modes chez la reine, fut suivie de résultats fâcheux pour Sa Majesté. L’art de la marchande, reçue dans l’intérieur en dépit de l’usage qui en éloignait sans exception toutes les personnes de sa classe, lui facilitait les moyens de faire adopter, chaque jour, quelque mode nouvelle. La reine, jusqu’à ce moment, n’avait développé qu’un goût fort simple pour sa toilette ; elle commença à en faire une occupation principale ; elle fut naturellement imitée par toutes les femmes.

On voulait à l’instant avoir la même parure que la reine, porter ces plumes, ces guirlandes auxquelles sa beauté, qui était alors dans tout son éclat, prêtait un charme infini. La dépense des jeunes dames fut extrêmement augmentée ; les mères et les