Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/188

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uns de ses rayons fascinateurs ; si un parti, formé au sein même de la cour, cherchait à faire tomber une princesse autrichienne, sans songer que les coups portés contre elle ébranlaient d’autant le trône, on pensera, je dois le dire, que c’était à cette princesse à veiller sur ses moindres démarches, à rendre sa conduite inattaquable ; mais que l’on n’oublie pas sa jeunesse, son inexpérience, son isolement. Non, elle n’était pas coupable ; l’abbé de Vermond était toujours le seul guide de la reine ; en âge et en droit de lui représenter combien étaient graves les suites de ses moindres légèretés, il ne le fit pas ; elle continua à chercher, sur le trône, les plaisirs de la société privée, et ce goût n’alla même qu’en augmentant.

Un an après la nomination de madame la princesse de Lamballe à la place de surintendante de la maison de la reine, les bals et les quadrilles amenèrent la liaison de la reine avec la comtesse Jules de Polignac. Elle inspira à Marie-Antoinette un véritable intérêt. La comtesse n’était pas riche, et vivait habituellement à sa terre de Claye. La reine s’étonna de ne l’avoir point vue plus tôt à la cour. L’aveu que son peu de fortune l’avait même privée de paraître aux fêtes des mariages des princes, vint encore ajouter à l’intérêt qu’elle inspira.

La reine était sensible et aimait à réparer les injustices du sort. La comtesse avait été attirée à la cour par la sœur de son mari, madame Diane de Polignac, qui avait été nommée dame de madame