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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/191

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sonne était d’une grâce parfaite. Elle n’aimait pas la parure, on la voyait presque toujours dans un négligé, recherché seulement par la fraîcheur et le bon goût de ses vêtemens ; rien n’avait l’air d’être placé sur elle avec apprêt, ni même avec soin. Je ne crois pas lui avoir vu une seule fois des diamans, même à l’époque de sa plus grande fortune, et quand elle eut à la cour le rang de duchesse ; j’ai toujours cru que son sincère attachement pour la reine, autant que son goût pour la simplicité, lui faisait éviter tout ce qui pouvait faire croire à la richesse d’une favorite. Elle n’avait aucun des défauts qui accompagnent presque toujours ce titre. Elle aimait les personnes que la reine affectionnait, et n’était susceptible d’aucune jalousie[1]. Marie-

  1. L’image de madame la duchesse de Polignac s’est souvent présentée à l’esprit de madame Campan, et toujours sous des traits aussi gracieux. Elle a plusieurs fois tracé son portrait d’une manière différente dans ses nombreux manuscrits. Une de ses esquisses m’a paru mériter qu’on la conservât, parce qu’elle a beaucoup de naturel et de simplicité, sans en avoir moins de charmes, et que par cela même elle se rapproche davantage du modèle. Voici ce morceau  :

    « Mais revenons à des temps plus heureux. La danse fut le plaisir en vogue pendant l’hiver suivant ; la reine arrangeait souvent des quadrilles et faisait le choix des danseurs. La richesse et la nouveauté de leurs habits formaient un spectacle brillant. Ces fêtes attirèrent à la cour la comtesse Jules de Polignac. La reine la remarqua, et lui témoigna son étonnement de ne l’avoir pas vue plus tôt. La comtesse lui répondit, sans affectation et sans honte, qu’elle était pauvre, qu’elle avait craint la dépense des fêtes des mariages. Cet aveu augmenta l’intérêt que la reine prenait à ma-