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et la reine ne contracta l’habitude de passer une partie de ses journées chez la duchesse, que lorsqu’elle eut remplacé la princesse de Guéménée en qualité de gouvernante des enfans de France, et que le duc eut réuni la surintendance des postes à la charge de premier écuyer.

Avant d’avoir établi sa société chez madame de Polignac, la reine allait quelquefois passer des soirées chez le duc et la duchesse de Duras ; une jeunesse brillante s’y trouvait réunie. On établit le goût des petits jeux, les questions, la guerre-panpan, le colin-maillard, et surtout un jeu nommé descampativos.

Paris, toujours critiquant, mais toujours imitant les habitudes de la cour, adopta cette manie des petits jeux. La fureur du descampativos et de la guerre-panpan fut générale dans toutes les maisons où se réunissaient beaucoup de jeunes femmes.

    duchesse, sans pourtant la désobliger ; elle lui répondit par les vers suivans :

    Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs ;
    Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs ;
    L’empire en est pour vous l’inépuisable source ;
    Ou, si quelque chagrin en interrompt la course,
    Le courtisan, soigneux à les entretenir,
    S’empresse à l’effacer de votre souvenir.
    Moi, je suis seule ici ; quelqu’ennui qui me presse,
    Je n’en vois dans mon sort aucun qui m’intéresse,
    Et n’ai pour tout plaisir, Madame, que ces fleurs
    Dont le parfum exquis vient charmer mes douleurs.

    » Madame de Polignac ayant montré ces vers, ses flatteurs les