Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/21

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lui permettre de continuer ses fonctions de lectrice auprès de Mesdames.

Ici commencent véritablement les Mémoires de madame Campan, Mémoires dont le premier chapitre, consacré à la peinture de la cour de Louis XV, n’est qu’un piquant avant-propos. Dans un espace de vingt ans, depuis les fêtes du mariage jusqu’à l’attaque du 10 août, madame Campan ne quitta presque point Marie-Antoinette. Du côté de la souveraine, tout était bonté, confiance, abandon : on verra si madame Campan n’y répondit point par une reconnaissance, une fidélité, un dévouement, à l’épreuve du malheur comme au-dessus de tous les périls. En parlant de Marie-Antoinette, elle a peint la haine de ses ennemis, l’avidité de ses flatteurs, et le désintéressement des vrais amis qu’elle pouvait compter quoique assise sur le trône. Toutefois, comme elle se renferme le plus souvent dans le cercle intérieur où se plaisait Marie-Antoinette, il est indispensable de jeter un coup-d’œil sur l’esprit et surtout sur les mœurs de la société à cette époque.

Je ne rappellerai point les scandaleuses années de la régence, temps où la cour, échappant à la contrainte d’une longue hypocrisie, associait aux emportemens de la débauche les sarcasmes de la plus audacieuse impiété. Mais je dois m’arrêter un moment au règne de Louis XV, parce que la corruption y présenta véritablement deux époques distinctes. Richelieu fut le modèle et le héros

    tère si différent de ce qu’on rencontrait sans cesse dans la position où le sort nous avait placés. »

    Le même écrit contient plusieurs détails qu’on ne lira point sans intérêt dans le troisième volume.