Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Presque toutes les femmes agréables de Paris, toujours empressées de jouir de ces sortes de spectacles, avaient été placées sur les gradins qui environnaient l’enceinte du tournoi ; cette réunion achevait de compléter la vérité de l’imitation. La reine, environnée de la famille royale et de toute la cour, était placée sous un dais très-élevé. Un spectacle suivi d’un ballet-pantomime, et un bal, terminèrent la fête où ne manquèrent ni le feu d’artifice ni l’illumination. Enfin, un échafaudage d’une prodigieuse hauteur, placé dans un endroit très-élevé, soutenait dans les airs, au milieu d’une nuit très-noire et par un temps très-calme, ces mots : Vive Louis, vive Marie-Antoinette.

À l’exception du roi, le plaisir seul occupait toute cette jeune famille ; ce goût était excité sans cesse par cette foule de gens empressés qui, en prévenant les désirs et même les passions des princes, trouvent le moyen de montrer du zèle et l’espérance de s’attirer ou d’entretenir la faveur.

Qui aurait osé combattre par de froids ou solides raisonnemens les amusemens d’une reine vive, jeune et jolie ? Une mère, un mari seuls en auraient eu le droit ; et le roi ne portait aucun obstacle aux volontés de Marie-Antoinette ; sa longue indifférence avait été suivie d’un sentiment d’admiration et d’amour : il était esclave de tous les désirs de la reine qui, charmée du changement heureux qui s’était opéré dans le cœur du roi et dans ses habitudes, ne cachait point assez la satisfaction qu’elle