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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/225

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travail, ses connaissances militaires, son extrême simplicité. Toutes les personnes qui environnaient Sa Majesté désiraient vivement de voir à la cour de Versailles un prince si digne de son rang. Enfin, le moment de l’arrivée de Joseph II, sous le nom du comte de Falkenstein, fut annoncé, et l’on indiqua le jour même où il serait à Versailles[1]. Les premiers embrassemens de la reine et de son auguste frère se passèrent en présence de toute la maison de la reine. Ce spectacle fut très-attendrissant ; les sentimens de la nature inspirent involontairement plus d’intérêt quand on les voit se développer avec toute leur puissance et tout leur abandon dans le cœur des souverains.

L’empereur fut d’abord généralement admiré en France ; les savans, les militaires instruits, les artistes célèbres apprécièrent l’étendue de ses connaissances. Il obtint moins de suffrages à la cour, et fort peu dans l’intérieur du roi et de la reine. Des manières bizarres, une franchise qui dégénérait souvent en rudesse, une simplicité dont on remarquait visiblement l’affectation : tout le fit envisager comme un prince plus singulier qu’admirable. La reine lui parla de l’appartement qu’elle

  1. La reine reçut l’empereur à Versailles, et n’alla point au-devant de lui en cabriolet, comme cela est dit dans quelques anecdotes sur la cour de Louis XVI, et notamment dans un ouvrage fort estimable où cette fausse anecdote est consignée comme elle l’est dans l’Espion anglais d’où elle a été vraisemblablement tirée.
    (Note de madame Campan.)