Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui avait fait préparer dans le château ; l’empereur lui répondit qu’il ne l’accepterait pas, et qu’en voyageant il logeait toujours au cabaret (ce fut sa propre expression) : la reine insista, et l’assura qu’il serait parfaitement libre et placé loin du bruit. Il répondit qu’il savait que le château de Versailles était fort grand, et qu’on y logeait tant de polissons, qu’il pouvait bien y avoir une place ; mais que son valet de chambre avait déjà fait dresser son lit de camp dans un hôtel garni, et qu’il y logerait.

Il dînait avec le roi et la reine, et soupait avec toute la famille réunie. Il témoigna prendre intérêt à la jeune princesse Élisabeth qui sortait alors de l’enfance, et avait toute la fraîcheur de cet âge. Il circula, dans le temps, quelque bruit de mariage avec cette jeune sœur du roi ; je crois qu’ils n’eurent aucun fondement.

Le service de table était encore fait par les femmes lorsque la reine mangeait dans les cabinets avec le roi, la famille royale et les têtes couronnées[1]. J’as-

  1. L’usage était que, même le dîner commencé, s’il survenait une princesse du sang, et qu’elle fût invitée à prendre place à la table de la reine, les contrôleurs et les gentilshommes servant venaient à l’instant prendre le service, et les femmes de la reine se retiraient. Elles avaient remplacé les filles d’honneur dans plusieurs parties de leur service, et conservé quelques-uns de leurs priviléges. Un jour la duchesse d’Orléans arriva à Fontainebleau à l’heure du dîner de la reine qui l’invita à se mettre à table, et fit elle-même signe à ses femmes de quitter le service et de se faire