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sistais presque tous les jours au dîner de la reine. L’empereur y parlait beaucoup et de suite ; il s’exprimait avec facilité dans notre langue, et la singularité de ses expressions ajoutait quelque chose de piquant à ses discours. Je lui ai plusieurs fois entendu dire qu’il aimait les choses spectaculeuses, pour indiquer tout ce qui formait un aspect ou une scène digne d’intérêt. Il ne déguisait aucune de ses préventions contre l’étiquette et les usages de la cour de France, et en faisait même, en présence du roi, le sujet de ses sarcasmes[1]. Le roi sou-

    remplacer par les hommes. Sa Majesté disait qu’elle voulait maintenir un privilége qui conservait ces sortes de places plus honorables, et en faisait une ressource pour des filles nobles et sans fortune.

    Madame de Misery, baronne de Biache, première femme de chambre de la reine, dont je fus nommée survivancière, était fille de M. le comte de Chemant, et sa grand’mère était une Montmorency. M. le prince de Tingry l’appelait, en présence de la reine, ma cousine.

    L’ancienne commensalité des rois de France avait des prérogatives reconnues dans l’État. Beaucoup de charges exigeaient la noblesse, et se vendaient de 40,000 jusqu’à 300,000 francs. Il existe un Recueil des édits des rois en faveur des prérogatives et droits de préséances des personnes munies d’offices dans la maison du roi.

    (Note de madame Campan.)

  1. Joseph II avait du goût, on peut dire même du talent pour la satire. On vient de publier un recueil de lettres dans lesquelles ses railleries amères n’épargnent ni les grands, ni le clergé, ni même les rois ses confrères. On trouvera deux ou trois de ces lettres à la fin du volume (lettre P) ; elles rentrent dans le sujet que