Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/244

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royale, à l’exception du roi qui n’y parut que deux fois, n’aimant point à déranger l’heure de son coucher, jouissait de l’effet de cette musique. Rien de plus innocent que ces promenades, dont bientôt Paris, la France, et même l’Europe, furent occupés de la manière la plus offensante pour le caractère de Marie-Antoinette. Il est vrai que tous les habitans de Versailles voulurent jouir de ces sérénades, et que bientôt il y eut foule depuis onze heures du soir jusqu’à deux et trois heures du matin. Les fenêtres du rez-de-chaussée occupé par Monsieur et Madame, restaient ouvertes, et la terrasse était parfaitement éclairée par les nombreuses bougies allumées dans ces deux appartemens. Des terrines placées dans le parterre, et les lumières du gradin des musiciens éclairaient le reste de l’endroit où l’on se tenait.

J’ignore si quelques femmes inconsidérées osèrent s’éloigner et descendre dans le bas du parc : cela peut être ; mais la reine, Madame et madame la comtesse d’Artois se tenaient par le bras et ne quittaient jamais la terrasse. Vêtues de robes de percale blanche avec de grands chapeaux de paille et des voiles de mousseline (costume généralement adopté par toutes les femmes), lorsque les princesses étaient assises sur les bancs, on les remarquait difficilement ; debout, leurs tailles différentes les faisaient toujours reconnaître, et l’on se rangeait pour les laisser passer. Il est vrai que lorsqu’elles se plaçaient sur des bancs, quelques particuliers vinrent s’asseoir à côté d’elles, ce qui les