Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La reine avançait dans sa grossesse ; on faisait chanter des Te Deum en actions de grâces dans toutes les cathédrales. Enfin le 11 décembre 1778, la reine sentit les premières douleurs. La famille royale, les princes du sang et les grandes charges passèrent la nuit dans les pièces qui tenaient à la chambre de la reine. Madame, fille du roi, vint au monde avant midi le 19 décembre. L’étiquette de laisser entrer indistinctement tout ce qui se présentait au moment de l’accouchement des reines, fut observée avec une telle exagération, qu’à l’instant où l’accoucheur Vermond dit à haute voix : La reine va accoucher, les flots de curieux qui se précipitèrent dans la chambre furent si nombreux et si tumul-

    risque pour lui-même ; mais cette volonté aussitôt refroidie, dès qu’il y voyait compromis son crédit ou son repos : tel fut jusqu’à la fin le vieillard qu’on avait donné pour guide et pour conseil au jeune roi. »

    On lira dans les éclaircissemens (lettre Q) la première partie de ce portrait aussi remarquable par sa ressemblance avec l’original que par le talent du peintre. Je dois ajouter seulement dans cette note, que le jugement porté par madame Campan sur la coupable conduite du comte de Maurepas, se trouve confirmé par un écrivain, avec lequel, d’ailleurs, elle est bien rarement d’accord.

    « On a su, dit Soulavie, qu’en 1774, 1775 et 1776, M. de Maurepas excitait, entre Louis XVI et son épouse, des rixes particulières qui avaient pour prétexte la conduite trop peu mesurée de la reine. M. de Maurepas avait le goût de se mêler des affaires de famille entre maris et femmes. Les intermédiaires dont il se servit portèrent à la reine le plus grand préjudice. »

    (Note de l’édit.)