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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/266

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considérables pour se rendre à Versailles, en corps, avec leurs différens attributs : des vêtemens frais et élégans formaient le plus agréable coup-d’œil ; presque tous avaient de la musique à la tête de leurs troupes : arrivés dans la cour royale, ils se la distribuèrent avec intelligence et donnèrent le spectacle du tableau mouvant le plus curieux. Des ramoneurs, aussi bien vêtus que ceux qui paraissent sur le théâtre, portaient une cheminée très-décorée, au haut de laquelle était juché un des plus petits de leurs compagnons ; les porteurs de chaises en avaient une très-dorée, dans laquelle on voyait une belle nourrice et un petit dauphin ; les bouchers paraissaient avec leur bœuf gras ; les pâtissiers, les maçons, les serruriers, tous les métiers étaient en mouvement : les serruriers frappaient sur une enclume ; les cordonniers achevaient une petite paire de bottes pour le dauphin ; les tailleurs un petit uniforme de son régiment, etc. Le roi resta long-temps sur son balcon pour jouir de ce spectacle qui intéressa toute la cour. L’enthousiasme

    Ce dauphin que l’on va fêter,
    Au trône doit prétendre :
    Qu’il soit tardif pour y monter,
    Tardif pour en descendre !…


    M. Mérard de Saint-Just fit, sur le même sujet, le quatrain suivant :


    Le fils qui vient de naître au roi
    Fera le bonheur de la France.
    Par quelqu’un il faut qu’il commence ;
    S’il voulait commencer par moi !

    (Note de l’édit.)