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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/270

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la place de madame de Guéménée : elle voyait avec un plaisir extrême la facilité que cette nomination lui donnerait de surveiller l’éducation de ses enfans, sans risquer de blesser la vanité de la gouvernante ; de trouver réunis dans le même lieu tous les objets de ses plus tendres affections, ses enfans et son amie. « Les amis de la duchesse de Polignac, continua la reine, seront charmés de l’éclat, de l’importance que donne cet emploi. Quant à la duchesse, je la connais : cette place ne convient nullement à ses goûts simples et paisibles, et à l’espèce d’indolence de son caractère ; ce sera la plus grande preuve de dévouement qu’elle puisse me donner si elle se rend à mes désirs. » La reine me parla aussi de la princesse de Chimay et de la duchesse de Duras, que l’on désignait dans le public comme dignes d’occuper la place de gouvernante ; mais elle trouvait la piété de la princesse de Chimay par trop austère ; quant à la duchesse de Duras, son esprit et son savoir lui faisaient peur. Ce que la reine craignait, en choisissant la duchesse de Polignac, était essentiellement la jalousie des courtisans qui ne cesseraient de lui donner des chagrins inséparables de cette élévation. La reine montrait un désir si vif de voir son projet exécuté, que je ne doutai nullement qu’elle ne finît par compter pour rien les obstacles qu’elle y entrevoyait ; je ne me trompai point : peu de jours après, la duchesse fut pourvue de la charge de gouvernante.

L’intention de la reine, en me faisant demander