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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/279

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Louis XVI assistait à toutes les répétitions ; on l’attendait souvent pour les commencer. Caillot, acteur célèbre, retiré depuis long-temps du théâtre, et Dazincourt, connus l’un et l’autre par des mœurs estimables, furent choisis pour donner des leçons, le premier pour l’opéra-comique, dont le genre plus facile fut préféré, le second pour la comédie : l’emploi de répétiteur, de souffleur et d’ordonnateur pour tous les détails du théâtre, fut donné à mon beau-père. Le premier gentilhomme de la chambre, M. le duc de Fronsac, en fut très-blessé. Il crut devoir faire des représentations sérieuses à ce sujet : il écrivit des lettres à la reine, qui se borna toujours à cette réponse : « Vous ne pouvez être premier gentilhomme, quand nous sommes les acteurs ; d’ailleurs je vous ai déjà fait connaître mes volontés sur Trianon ; je n’y tiens point de cour ; j’y vis en particulière, et M. Campan y sera toujours chargé des ordres relatifs aux fêtes intérieures que je veux y donner. » Les représentations du duc ne s’étant point terminées, le roi fut obligé de s’en mêler ; le duc s’obstina et soutint que ses droits de premier gentilhomme de la chambre n’admettaient aucun remplaçant, qu’il devait se mêler des plaisirs intérieurs, comme de ceux qui étaient publics : il fallut terminer les débats par une brusquerie.

Le petit duc de Fronsac ne manquait jamais, à la toilette de la reine, lorsqu’il venait lui faire sa cour, d’amener quelque entretien sur Trianon, pour