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La reine permit aux officiers des gardes-du-corps et aux écuyers du roi et de ses frères, d’entrer à ce spectacle ; on donna des loges grillées à des gens de la cour ; on invita quelques dames de plus ; des prétentions s’élevèrent de toutes parts pour obtenir la faveur d’être admis.

La reine refusa d’y recevoir les officiers des gardes des princes, ceux des cent-suisses du roi, et beaucoup d’autres personnes qui en furent très-mortifiées.

La troupe était bonne pour une troupe de société, et l’on applaudissait à outrance ; cependant en sortant on critiquait tout haut, et quelques gens dirent que c’était royalement mal joué.

    l’adresse avait corrigé la fortune ; mais je remarquerai qu’en 1701, la Ceinture magique, de J.-B. Rousseau, fut représentée par les princes du sang, devant la duchesse de Bourgogne*. Voltaire donne des détails plus positifs encore sur ces représentations, où de simples gentilshommes auraient consenti sans doute à figurer. « On éleva, dit-il, tome XXI, p. 157, un petit théâtre dans les appartemens de madame de Maintenon. La duchesse de Bourgogne, le duc d’Orléans y jouaient avec les personnes de la cour qui avaient le plus de talent. Le fameux acteur Baron leur donnait des leçons et jouait avec eux : la plupart des tragédies de Duché furent composées pour ce théâtre. » Je n’ajouterai qu’un mot à ces faits positifs : c’est que l’aimable et jeune Marie-Antoinette pouvait bien se croire permis un divertissement toléré par madame de Maintenon dans la cour austère, hypocrite et bigote des dernières années de Louis XIV.

    (Note de l’édit.)

    *. Mémoires pour servir à l’histoire de Voltaire, Amsterdam, 1785.