Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/296

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petits ménages, viennent augmenter un trop mince ordinaire. Elle s’amusa beaucoup de ma réponse, et la conta au roi qui en rit à son tour.

La paix, faite avec l’Angleterre, avait satisfait toutes les classes de la société occupées de l’honneur national. Le départ du commissaire anglais établi à Dunkerque, depuis la honteuse paix de 1763, comme inspecteur de notre marine, causa des transports de joie. Le gouvernement avait eu la prudence de faire notifier à cet Anglais l’ordre de son départ, avant que le traité fût rendu public. Sans cette précaution, le peuple se serait porté à des excès, pour faire éprouver à l’agent de la puissance anglaise les effets d’un long ressentiment causé par son séjour dans ce port. Le commerce seul fut mécontent du traité de 1783. L’article qui permettait la libre entrée des marchandises anglaises, vint tout-à-coup anéantir le commerce de la ville de Rouen et des autres villes manufacturières du royaume. L’industrie française s’est vengée depuis de cette supériorité qui assurait à l’Angleterre le commerce exclusif du monde entier. Les Anglais abondèrent à Paris. Il y en eut un grand nombre de présentés à la cour. La reine affectait de les traiter avec des égards particuliers ; elle voulait sans doute leur faire distinguer l’estime qu’elle portait à leur noble nation, des vues politiques du gouvernement dans l’appui qu’il avait donné aux Américains. Il y eut quelques mécontentemens, fortement articulés à la cour, sur les marques d’intérêt données par la