Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/310

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le bonheur le plus réel qui fût attaché à sa position, celui de faire parvenir jusqu’au roi de justes réclamations[1].

Dans toutes les occasions où il fallait exprimer sa pensée en public, malgré la gêne que pouvait éprouver une étrangère, la reine rencontrait toujours le mot précis, noble et touchant. Elle répondait à toutes les harangues, et avait mis de la persévérance à conserver cette habitude puisée à la cour de Marie-Thérèse. Depuis long-temps, les princesses de la maison de Bourbon ne prenaient plus, dans de semblables circonstances, la peine d’articuler la réponse. Madame Adélaïde fit reproche à la reine de n’avoir pas suivi cet usage, l’assurant qu’il suffisait de marmotter quelques mots en simulacre de réponse ; et que les harangueurs, très-occupés de ce qu’ils venaient de dire eux-mêmes, trouvaient toujours qu’on avait répondu d’une manière parfaite. La reine jugea que la paresse seule avait pu dicter un semblable protocole, et que l’usage adopté de marmotter quelques mots, constatant la nécessité de répondre, il fallait le faire

  1. Il existe une gravure du temps qui représente assez bien cette scène de reconnaissance et de bonté. Ce morceau a pour nous, aujourd’hui, le mérite de reproduire fidèlement les lieux, les costumes du temps, et la ressemblance des principaux personnages. On distingue parmi ceux-ci M. le comte de Provence (Sa Majesté Louis XVIII), madame la comtesse de Provence, M. le comte et madame la comtesse d’Artois, et l’empereur Joseph II.
    (Note de l’édit.)