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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/323

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dont la reine se flattait, elle ne vit qu’une économie à obtenir, au lieu d’une augmentation de dépense. On supprimait par cet arrangement le gouvernement de Choisy, qu’avait le duc de Coigny, et celui de la Muette, qui était au maréchal de Soubise. On avait de même à supprimer les deux conciergeries et tous les serviteurs employés dans ces deux maisons royales ; mais pendant qu’on traitait cette affaire, MM. de Breteuil et de Calonne cédèrent sur l’article des échanges, et plusieurs millions en numéraire remplacèrent la valeur de Choisy et de la Muette.

La reine conseilla au roi de lui donner Saint-Cloud, comme un moyen d’éviter d’y établir un gouverneur, son projet étant de n’y avoir qu’un simple concierge, ce qui épargnerait toutes les dépenses qu’amenaient les gouverneurs des châteaux. Le roi y consentit. Saint-Cloud fut acheté pour la reine : elle fit prendre sa livrée aux suisses des grilles, aux garçons du château, etc., comme à ceux de Trianon, où le concierge de cette maison avait fait afficher quelques règlemens de police intérieure, avec ces mots : De par la reine. Cet usage fut imité à Saint-Cloud. Cette livrée de la reine à la porte d’un palais où l’on ne croyait trouver que celle du roi, ces mots : De par la reine, à la tête des imprimés collés auprès des grilles, firent une grande sensation et produisirent un effet très-fâcheux, non-seulement dans le peuple, mais parmi les gens d’une classe supé-