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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/325

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changement opéré par un motif d’économie, prit, aux yeux du public, un caractère tout différent.

La reine fut très-mécontente de la manière dont cette affaire avait été traitée par M. de Calonne ; l’abbé de Vermond, le plus actif et le plus persévérant des ennemis de ce ministre, voyait avec plaisir que les moyens des gens dont on pouvait espérer de nouvelles ressources, s’épuisaient successivement, parce que cela avançait l’époque où l’archevêque de Toulouse pourrait arriver au ministère des finances.

La marine royale avait repris une attitude imposante pendant la guerre pour l’indépendance de l’Amérique ; une paix glorieuse avec l’Angleterre avait réparé, pour l’honneur français, les anciens outrages de nos ennemis ; le trône était environné de nombreux héritiers : les finances seules pouvaient donner de l’inquiétude ; mais cette inquiétude ne se portait que sur la manière dont elles étaient administrées. Enfin la France avait le sentiment intime de ses forces et de sa richesse, lorsque deux événemens qui ne semblent pas dignes de prendre place dans l’histoire, et qui cependant en ont une marquée dans celle de la révolution française, vinrent jeter, dans toutes les classes de la société, l’esprit de sarcasme et de dédain, non-seulement sur les rangs les plus élevés, mais sur les têtes les plus augustes : je veux parler d’une comédie et d’une grande escroquerie.

Depuis long-temps Beaumarchais était en pos-