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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/326

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session d’occuper quelques cercles de Paris, par son esprit et ses talens en musique, et les théâtres par des drames plus ou moins médiocres, lorsque sa comédie du Barbier de Séville lui acquit des suffrages plus marqués sur la scène française. Ses mémoires contre M. Goësman avaient amusé Paris, par le ridicule qu’ils versaient sur un parlement mésestimé ; et son admission dans l’intimité de M. de Maurepas lui procura de l’influence sur des affaires importantes. Dans cette position assez brillante, il ambitionna la funeste gloire de donner une impulsion générale aux esprits de la capitale, par une espèce de drame, où les mœurs et les usages les plus respectés étaient livrés à la dérision populaire et philosophique. Après plusieurs années d’une heureuse situation, critiquer et rire étaient devenus plus généralement la disposition de l’esprit français ; et lorsque Beaumarchais eut terminé son monstrueux et plaisant Mariage de Figaro, tous les gens connus ambitionnèrent le bonheur d’en entendre une lecture, les censeurs de la police ayant prononcé que cette pièce ne pouvait être représentée. Ces lectures de Figaro se multiplièrent à tel point, par la complaisance calculée de l’auteur, que, chaque jour, on entendait dire : J’ai assisté ou j’assisterai à la lecture de la pièce de Beaumarchais. Le désir de la voir représenter devint universel ; une phrase qu’il avait eu l’adresse d’insérer dans son ouvrage, avait comme forcé le suffrage des grands seigneurs ou des gens puissans qui visaient à