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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/37

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principes et de leurs connaissances, avec leur fortune et le rang qu’elles doivent occuper un jour dans le monde ; l’art difficile, qui saisit les principaux traits d’un caractère, démêle les bonnes qualités des mauvaises, détruit le germe des unes, encourage les autres, et parmi tant d’élèves, d’âge, de goûts et d’esprit différens, maintient l’ordre et favorise l’émulation sans exciter l’orgueil : tous ces soins d’une administration compliquée, tous ces détails d’un emploi si délicat, paraissaient simples, faciles et naturels, quand on voyait madame Campan les remplir. C’est un témoignage que ses ennemis même ne pouvaient lui refuser. À toute heure elle était accessible pour tout le monde ; écoutant avec une grande égalité de caractère, décidant avec une rare présence d’esprit, toutes les questions qu’on lui soumettait ; adressant toujours à propos, un conseil, un reproche, un encouragement. L’homme qui descendait facilement des plus hautes pensées politiques à l’examen des moindres détails ; qui inspectait un pensionnat de jeunes personnes, comme s’il eût passé la revue des grenadiers de sa garde ; auquel aucune connaissance, aucun soin ne semblait étranger, qu’on ne pouvait tromper et qui n’était pas fâché de reprendre, Napoléon, en visitant la maison d’Écouen, fut forcé de dire : Tout est bien[1].

  1. Napoléon avait voulu connaître tout ce qui concernait l’ameublement, le régime, l’ordre de la maison, l’instruction et l’éducation des élèves. Les règlemens intérieurs lui furent soumis. Un des projets rédigés par madame Campan portait que les élèves entendraient la messe les dimanches et les jeudis. Napoléon écrivit en marge, de sa main, tous les jours.

    Les Lettres de deux jeunes amies, ouvrage de madame Campan, contiennent des détails curieux sur une visite de Napoléon à Écouen.