e duc d’Aiguillon, petit-neveu du cardinal de Richelieu,
était l’ami intime du dauphin ; et ce que ce prince ne pouvait
que penser, à cause de la discrétion nécessaire à l’héritier
de la couronne, le duc d’Aiguillon l’exécutait. Choiseul,
au contraire, né Lorrain, et fils d’un ambassadeur de l’époux
de Marie-Thérèse, étranger à la France, sujet et parent
de l’empereur, était tout dévoué aux intérêts de la
cour de Vienne, fort de la puissance de madame de Pompadour
que l’impératrice avait enivrée de gloire et de vanité,
en lui donnant le titre de ma cousine et des cadeaux analogues ;
appuyé du crédit des parlemens dont il se disait le protecteur, ennemi déclaré des jésuites, depuis qu’il avait
manifesté sa haine à leur général, à Rome.
Ces circonstances et sa vanité singulière le rendaient peu soucieux de faire sa cour au dauphin qui professait, sur l’autorité du roi envers les parlemens, et sur la politique française à l’égard de la maison d’Autriche, des principes absolument opposés. Audacieux et vain, cependant réfléchi et profond, avec beaucoup de suite et de ténacité dans ses plans, il avait toutes les qualités requises, dans un temps où le roi paraissait maîtrisé par la crainte, pour devenir en France, très-impunément, le premier commis de la cour de Vienne ; pour resserrer les nœuds de l’alliance de 1756, éloigner l’abbé de Bernis d’un ministère où il n’avait pas