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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/413

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Note (N), page 149.

« Madame de Boufflers croyait avoir besoin de l’appui de madame la duchesse de Polignac, et sollicita sa faveur par toutes les offres que peut inspirer la reconnaissance la plus délicate et la plus empressée. Madame de Polignac, s’applaudissant des bons offices rendus à madame de Boufflers, crut pouvoir lui proposer sans indiscrétion de lui céder, pendant quelques mois, cette même maison d’Auteuil dont on l’avait tant priée de disposer toutes les fois que la cour serait au château de la Muette, qui en est fort près. Soit que madame de Boufflers ne s’attendît pas que sa reconnaissance fût mise à cette épreuve, soit que le service en question ne lui parût plus de la même importance, elle se permit de refuser très-poliment ce qu’elle avait offert de si bonne grâce, et termina ses excuses par les vers suivans :


Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs ;
Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs ;
La cour en est pour vous l’inépuisable source,
Ou si quelque chagrin en interrompt la course,
Tout le monde soigneux de les entretenir,
S’empresse à l’effacer de votre souvenir.
Mon Amélie[1] est seule ; à l’ennui qui la presse,
Elle ne voit jamais que moi qui s’intéresse,
Et n’a pour tout plaisir qu’Auteuil et quelques fleurs,
Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs.


Ces vers, lus dans la société de madame de Polignac, furent trouvés généralement détestables ; mais, après les avoir jugés avec cette sévérité, on ne fut pas peu surpris d’y reconnaître la main d’un assez bon faiseur. Ils sont, pour

  1. La comtesse Amélie, sa belle-fille.