Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi dire, mot à mot dans la troisième scène du second acte de Britannicus, entre Néron et Junie :


Britannicus est seul : quelqu’ennui qui le presse
Il ne voit dans son sort que moi qui s’intéresse,
Et n’a pour tout plaisir, Seigneur, que quelques pleurs
Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs.


Mais sans partialité, quelque douceur, quelque harmonie qu’ait l’ensemble du morceau, s’il n’était pas de Racine, ne serait-on pas blessé, de nos jours, de l’espèce d’obscurité qu’il y a dans le régime du verbe entretenir, si éloigné du mot plaisir auquel il se rapporte ; de la répétition des qui, que, quelque chagrin, quelque ennui, quelques pleurs, quelquefois, etc. ? Ne faut-il pas l’autorité de Racine pour faire sentir le prix de tant d’heureuses négligences ? Ne serait-ce pas le caractère de naïveté qui en résulte, et qui sied si bien à la timide Junie, qui en forme tout le charme ? et ce charme n’est-il pas perdu dans l’application qu’en a faite madame de Boufflers ? (Correspondance de Grimm, mars 1781, T. V.)


Note (O), page 170.

Madame Campan, en rapportant avec franchise et simplicité ce qu’il y a de vrai dans l’anecdote dénaturée depuis par M. de Lauzun, a détruit tout l’effet que sa malignité pouvait s’en promettre. On va lire cette anecdote dont sa fatuité même ne pouvait avoir sujet de s’enorgueillir beaucoup, et que sa vanité blessée a si étrangement travestie.

« Madame de Guéménée s’approcha de moi, et me dit, en riant, à mi-voix : Êtes-vous très-attaché à une plume de héron blanche qui était à votre casque lorsque vous avez pris congé ? La reine meurt d’envie de l’avoir ; la lui refuserez-vous ? Je répondis que je n’oserais la lui offrir, mais que je me trouverais très-heureux qu’elle voulût bien la recevoir