Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ladie dont sa belle-sœur venait d’être la victime, regarda cet ordre comme son arrêt de mort. Elle aimait tendrement la jeune archiduchesse Marie-Antoinette : elle la prit sur ses genoux, l’embrassa en pleurant, et lui dit qu’elle ne la quitterait pas pour se rendre à Naples, mais bien pour ne la plus revoir ; qu’elle allait descendre au caveau de ses pères, mais qu’elle y retournerait bientôt pour y rester. Son pressentiment fut réalisé ; une petite vérole confluente l’emporta en peu de jours. Sa sœur cadette monta à sa place sur le trône de Naples.

L’impératrice était trop occupée de grands intérêts politiques, pour pouvoir se livrer aux soins de la maternité. Le célèbre Wanswitten, son médecin, venait visiter tous les matins la jeune famille impériale, se rendait ensuite près de Marie-Thérèse et lui donnait les détails les plus circonstanciés sur la santé des archiducs et des archiduchesses qu’elle ne voyait quelquefois qu’après un intervalle de huit ou dix jours. Aussitôt qu’on avait connaissance de l’arrivée d’un étranger de marque à Vienne, l’impératrice s’environnait de sa famille, l’admettait à sa table, et donnait à croire, par ce rapprochement calculé, qu’elle-même présidait à l’éducation de ses enfans.

Les grandes maîtresses, n’ayant aucune inspection à craindre de la part de Marie-Thérèse, cherchèrent à se faire aimer de leurs élèves en suivant la route si blâmable et si commune d’une indul-