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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/89

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gence funeste aux progrès et au bonheur futur de l’enfance. Marie-Antoinette fit congédier sa grande maîtresse en avouant à l’impératrice que toutes ses pages d’écriture et toutes ses lettres étaient habituellement tracées au crayon ; la comtesse de Brandès fut nommée pour remplacer cette gouvernante, et s’acquitta de ses devoirs avec beaucoup d’exactitude et de talent. La reine regardait comme un malheur pour elle d’avoir été trop tard confiée à ses soins, et resta toujours en relation d’amitié avec cette dame. L’éducation de Marie-Antoinette fut donc très-négligée[1]. Les papiers publics retentissaient cependant de la supériorité des talens de la jeune famille de Marie-Thérèse. On y rendait souvent compte des réponses que les jeunes princesses faisaient en latin aux harangues qui leur étaient adressées ; elles les prononçaient il est vrai, mais sans les comprendre : elles ne savaient pas un mot de cette langue.

On parlait un jour à la reine d’un dessin fait par elle et donné par l’impératrice à M. Gérard, premier commis des affaires étrangères, lorsqu’il avait été à Vienne pour rédiger les articles de son contrat

  1. À l’exception de la langue italienne, tout ce qui tient aux belles-lettres, et surtout à l’histoire de son pays même, lui était à peu près inconnu. On s’en aperçut bientôt à la cour de France, et de-là vient l’opinion assez généralement répandue qu’elle manquait d’esprit. On verra dans la suite de ces Mémoires si cette opinion était bien ou mal fondée.
    (Note de madame Campan.)