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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/91

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sailles, on lui présenta son maître de chant ; c’était La Garde, auteur de l’opéra d’Églé. Elle lui donna un rendez-vous pour un temps assez éloigné, ayant besoin, disait-elle, de se reposer des fatigues de la route et des fêtes nombreuses qui avaient eu lieu à Versailles ; mais son motif réel était de cacher à quel point elle ignorait les premiers élémens de la musique. Elle demanda à M. Campan si son fils, qui était bon musicien, pourrait en secret lui donner, pendant trois mois, des leçons : « Il faut, ajouta-t-elle en souriant, que la dauphine prenne soin de la réputation de l’archiduchesse. » Les leçons s’établirent secrètement, et, au bout de trois mois de travail constant, elle fit appeler M. La Garde et l’étonna par sa facilité.

Le désir de perfectionner Marie-Antoinette dans l’étude de la langue française fut probablement le motif qui avait déterminé Marie-Thérèse à lui donner pour maîtres et lecteurs deux comédiens français, Aufresne pour la prononciation et la déclamation, et un nommé Sainville pour le goût du chant français ; ce dernier avait été officier en France, et passait pour un mauvais sujet. Ce choix déplut justement à notre cour. Le marquis de Durfort, alors ambassadeur à Vienne, reçut l’ordre de faire des représentations à l’impératrice sur un pareil choix. Les deux acteurs furent congédiés, et cette princesse demanda qu’on lui adressât un ecclésiastique. Ce fut à cette époque que le duc de Choiseul s’occupa de lui envoyer un institu-