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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/92

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teur. Plusieurs ecclésiastiques distingués refusèrent de se charger de fonctions aussi délicates ; d’autres désignés par Marie-Thérèse (entre autres l’abbé Grisel) tenaient à des partis qui devaient les faire exclure.

M. l’archevêque de Toulouse, depuis archevêque de Sens entra un jour chez M. le duc de Choiseul, au moment où il était véritablement embarrassé pour cette nomination ; il lui proposa l’abbé de Vermond, bibliothécaire du collége des Quatre-Nations. Le bien qu’il dit de son protégé le fit agréer le jour même ; et la reconnaissance de l’abbé de Vermond pour le prélat fut bien funeste à la France, puisque, après dix-sept ans d’efforts persévérans pour l’amener au ministère, il parvint à le faire nommer contrôleur-général et chef du conseil.

Cet abbé de Vermond, dont les historiens parleront peu parce que son pouvoir était resté dans l’ombre, déterminait presque toutes les actions de la reine. Il avait établi son influence sur elle dans l’âge où les impressions sont le plus durables, et il était aisé de voir qu’il n’avait cherché qu’à se faire aimer de son élève, et s’était très-peu occupé du soin de l’instruire. On pourrait l’accuser même d’avoir, par un calcul adroit mais coupable, laissé son élève dans l’ignorance. Marie-Antoinette parlait la langue française avec beaucoup d’agrément, mais l’écrivait moins bien. L’abbé de Vermond revoyait toutes les lettres qu’elle envoyait à Vienne.