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Temple avec la reine ; sa porte me fut refusée. Un ami qui m’accompagnait parvint à entrer et exposa ma demande à Pétion qui répondit que, si je réitérais mes sollicitations, il m’enverrait à la Force. Il ajouta d’autres discours, auxquels mon ami (M. de Valadon) répondit que lorsqu’on demandait à partager des fers, on ne méritait pas d’insulte. Pétion répliqua par ces mots cruels : « Qu’elle se console de ne pas aller au Temple, le service qui y entre n’y restera pas long-temps. »

Forcée de renoncer à servir la reine dans sa prison, je m’occupai d’être utile, en surveillant les papiers importans qui m’avaient été confiés.

Après le 10 août, les visites domiciliaires remplirent Paris d’effroi. Il devenait difficile de soustraire long-temps un porte-feuille volumineux. Cependant on annonçait le procès du roi ; j’étais préoccupée de cette seule pensée, que le porte-feuille contenait un papier qui pouvait être utile à Sa Majesté, et d’autres qui pouvaient lui être funestes.

J’étais retirée chez M. Auguié, j’y gardais le porte-feuille, j’étais irrésolue ; on vint me donner avis que la maison allait subir une visite domiciliaire, et que la section cherchait des papiers. Je n’avais pas de temps à perdre, j’ouvris le porte-feuille[1],

  1. Les papiers que je trouvai dans le porte-feuille étaient les correspondances de Monsieur et de M. le comte d’Artois avec le roi ; celles de Mesdames ; des rapports, projets et correspon-