Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/327

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» Un jour mademoiselle de *** dit au roi avec un sourire moqueur : À quel terme en êtes-vous donc maintenant avec la vieille coquette ? Le roi, bien persuadé qu’elle n’avait pas fait une pareille question de son propre mouvement, se crut outragé, fronça le sourcil, se mordit les lèvres, et fixant avec sévérité mademoiselle de ***, lui ordonna de lui dire sur-le-champ qui l’avait incitée à lui tenir ce propos.

» Mademoiselle de *** effrayée nomma madame la maréchale d’Estrées. Cette dame avait vécu long-temps dans la plus intime liaison avec madame de Pompadour, mais l’amitié respective des femmes est de sa nature peu solide : des brouilleries les détruisirent ; et le roi ayant appris que madame d’Estrées voulait commencer une intrigue pour perdre madame de Pompadour, odieuse à toute la cour de France et à la nation, ordonna à madame d’Estrées de se retirer dans une de ses terres.

» Quand à mademoiselle de ***, le roi lui était trop attaché pour ne pas pardonner à son inexpérience. Il continua ses habitudes avec elle jusqu’à ce qu’elle le rendît père d’un enfant. Il la maria à un gentilhomme, avec lequel elle vécut honnêtement. » (Anecdotes du règne de Louis XV, par Soulavie.)


Note (F), page 49.

« Un jour le maître (le roi) entra tout échauffé ; je me retirai, mais j’écoutai dans mon poste. « Qu’avez-vous, lui dit Madame ? — Ces grandes robes et le clergé, répondit-il, sont toujours aux couteaux tirés : ils me désolent par leurs querelles ; mais je déteste bien plus les grandes robes. Mon clergé, au fond, m’est attaché et fidèle ; les autres voudraient me mettre en tutelle. — La fermeté, lui dit Madame, peut seule les réduire. — Robert de Saint-Vincent est un boute-feu que je voudrais pouvoir exiler ; mais ce sera un train terrible. D’un autre côté l’archevêque est une tête de fer qui cherche querelle. Heureusement qu’il y en a quelques-uns dans le parlement sur qui je puis compter, et qui font semblant d’être biens méchans,