Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/42

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fût rendue après leur avoir fait une bonne semonce.


Louis XV aimait à parler de la mort quoiqu’il la craignît beaucoup ; mais son excellente santé et son titre de roi lui faisaient probablement espérer qu’il serait invulnérable : il disait assez communément aux gens très-enrhumés : « Vous avez là une toux qui sent le sapin. » Chassant un jour dans la forêt de Sénard, une année où le pain avait été extrêmement cher, il rencontre un homme à cheval portant une bière. « Où portez-vous cette bière ? dit le roi. — Au village de ..... répond le paysan. — Est-ce pour un homme ou pour une femme ? — Pour un homme. — De quoi est-il mort ? — De faim, » répond brusquement le villageois. Le roi piqua son cheval et ne fit plus de questions[1].

  1. « Le roi était fort mélancolique habituellement, dit madame du Hausset, et aimait toutes les choses qui rappelaient l’idée de la mort, en la craignant cependant beaucoup. En voici un exemple : Madame de Pompadour se rendant à Crécy, un écuyer du roi fit signe d’arrêter, et lui dit que la voiture du roi était cassée ; et que, sachant qu’elle n’était pas loin, il la priait d’attendre. Il arriva bientôt après, se mit dans la voiture de Madame, où étaient, je crois, madame de Château-Renaud et madame de Mirepoix. Les seigneurs qui suivaient s’arrangèrent dans d’autres voitures. J’étais derrière, dans une chaise à deux, avec