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visites des évêques, des archevêques, des prêtres ambitieux ; faisait accorder par le roi son père beaucoup de grâces ecclésiastiques, et s’attendait probablement à jouer un grand rôle à l’époque où le roi, lassé de ses plaisirs et de sa vie licencieuse, chercherait à s’occuper de son salut ; ce qui serait peut-être arrivé, si une mort prompte et inattendue ne fût venue terminer sa carrière. Le plan de madame Louise échoua par cet événement. Elle resta dans son couvent d’où elle sollicitait encore beaucoup de grâces, ce que je pouvais juger par les plaintes de la reine, qui me disait souvent : « Voici encore une lettre de ma tante Louise. C’est bien la petite carmélite la plus intrigante qui existe dans le royaume. » La cour allait la voir, à peu près trois fois par an, et je me souviens que la reine, lui menant sa fille, me chargea de lui faire habiller une poupée en carmélite, afin que la jeune princesse fût accoutumée, avant d’entrer au couvent, à l’accoutrement de sa tante la religieuse.


Dans un séjour où l’ambition tient toutes les passions éveillées, un mot, une seule réflexion peuvent amener des préventions, faire naître la haine, et je n’ai pu me refuser à croire que l’inimitié connue, qui s’est établie entre la reine et madame de Genlis, n’ait eu pour première base une réponse de Marie-Antoinette à la duchesse d’Or-