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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/22

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m’avez dit qu’vous l’aimiez en tout bien, tout honneur, n’est-il pas vrai, monsieur ?

Lussan, souriant.

En tout bien, tout honneur, oui, mon enfant, c’est ainsi que je l’aime, c’est ainsi que tous les hommes aimeraient, si toutes les femmes ressemblaient à Catherine ; et le ciel m’est temoin que si j’ai formé le dessein de la guérir de cette prévention inexplicable contre les hommes, si j’ai conçu l’espoir d’intéresser son cœur, ce n’est que pour mettre à ses pieds l’hommage de ma fortune, de ma main, de tout ce que je possède au monde, et l’arracher à un état qui n’aurait jamais dû… qui ne doit pas être le sien.

Fanchette, attendrie.

Ce cher monsieur ! comme il parle ! — ça m’va tout droit au cœur ! — Allez, allez, Monsieur, n’vous découragez pas : n’y a pas encore d’tems d’perdu, mam’zelle Elize ne se marie pas encore ; et j’savons de queuq’z’un… qui l’savont b’en, que c’nest pas à vous qu’elle songe pour s’épouser.

Lussan.

Ouï ; mais sa mère !… sa mère qui connaît ma fortune, qui sait que Fierval n’a rien, ne voudra-t-elle pas ?…

Fanchette, riant.

Bah !… vouloir !… est-ce qu’elle veut queuqu’chose, madame la Marquise… c’est b’en la meilleure pâte d’dame… mais y m’semble que j’l’apercevons avec mam’zelle Élize… elles viennent de ce coté… Sauvez-vous, et rentrez à la ferme le plutot que vous pourrez, j’vous en prie.