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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/25

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Scène VI.

LA MARQUISE, SA FILLE.
Élise.

Сes paysans sont d’une familiarité !

la Marquise.

Que veux-tu, mon enfant, c’est un peu ma faute. Fixée, depuis mon veuvage, dans cette terre, qui est mon unique bien, jai senti la nécessité de me faire aimer de ce qui m’environnait ; et ce desir m’occupe à tel point, que joublie à tout moment qu’il faut qu’on me respecte.

Élise.

On peut accorder l’un et l’autre.

la Marquise.

Pas toujours, mon enfant, pas toujours. — Mais, puisque nous voilà seules un instant, parlons raison. Vous avez vingt ans, ma fille, il est tems de songer à vous établir, et je veux m’en occuper sérieusement. Vous êtes jolie comme les amours, et vous faites fort bien, car vous n’êtes pas riche. Mon frère Boniface d’Orneville, apres le quel j’ai long-tems attendu, et qui n’avait embrassé l’état d’armateur que dans l’idée de réhabiliter notre antique fortune, paraît nous avoir entièrement oubliées, ou peut-être même a-t-il péri dans ses courses, puisqu’il est vrai que depuis sept ans on n’entend plus parler de lui. D’ailleurs, un fils qu’il avait laissé à Paris, hériterait avant nous ; et jai ouï