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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/53

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moi, qui jamais… Ah, j’ai souvent éprouvé, et sur-tout aupres d’elle, que c’est toujours au moment où la pensée abonde, que la parole se refuse.

Catherine.

La charmante chose que les arts ! Non, il n’est point de passion si forte, de peine si cuisante, dont leur secours ne puisse distraire ou consoler.

Lussan.

Et cette jeune personne, de qui j’ai recherché la main, qui semble vouloir réclamer le sentiment qui a guidé mes premières démarches !…

Catherine, regardant son ouvrage.

Cette tête est charmante !… Voyons pourtant si, avec d’autres traits… (Elle crayonne un autre papier.)

Lussan.

Encore, si elle était plus riche, si Fierval avait plus de fortune, ma délicatesse ne seroit point soupçonnée, et je serais tranquille sur son sort.

Catherine, regardant ce qu’elle vient de faire.

J’ai beau faire, rien de nouveau ne s’offre à mes crayons. Ce sont toujours les mêmes yeux, la même bouche… (Elle reprend l’autre dessin.) Elle n’est vraiment pas mal cette tête… C’est singulier qu’un homme du commun… Ah !… (Elle se lève.) En vérité, je ne sais à quoi je songe. — Voyons ma harpe.

Lussan.

Mais cette femme, cette femme, loin de qui