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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/98

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naissez pas, cette femme adorable ; vous ne savez pas combien elle réunit de charmes et de vertus ! Elle n’est point ce qu’elle paraît être : des infortunes sans nombre l’ont réduite à cet état si peu fait pour elle. Si vous saviez ! — Personne ne la connaît ici ; depuis deux ans qu’elle est venue s’y établir, personne n’a pu découvrir qui elle est, ni d’où elle sort ; et, depuis trois mois que je m’étais introduit chez elle, à son insçu, sous le déguisement où vous m’avez surpris, je n’avais pu encore en obtenir une seule marque de confiance : enfin, un moment plus favorable était arrivé ; elle venait de commencer la confidence de ses malheurs ; j’allais savoir le secret de son sort, quand des circonstances fatales nous ont interrompus, et ont amené la scène dont vous avez été témoin.

Boniface, ému.

Que me dites-vous-là ? Cette Catherine est inconnue ? elle est ici depuis deux ans ? des malheurs l’ont réduite à l’état où elle est ? — Monsieur… M. de Lussan ?… cette femme est peut-être encore plus intéressante que vous ne croyez. Je crois la connaître… je crois… Je vais la voir, je vais la voir à l’instant, la questionner… m’instruire…

Lussan, transporté.

Quoi, Monsieur… vous croiriez… vous sauriez… serait-il possible !… Ah, Monsieur, de quel poids vous soulageriez mon cœur !

Boniface, se ravisant.

Écoutez… écoutez donc ; je peux me tromper. — Combien dites-vous qu’il y a qu’elle est ici ?

Lussan.

Deux ans, à-peu-près.