Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/125

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Oui-da ! tu n’as pas mauvais goût !

Non, n’est-ce pas ? Eh bien, puisque ça paraît vous intéresser, je vas vous faire connaître comment je m’y suis pris pour la demander en mariage.

D’abord, je dois vous dire que ce que je recherche, moi, c’est une fille sage, réservée, pieuse et qui sait faire usage de ses dix doigts ! Eh bien ! Melle  Jacqueline possède toutes ces qualités-là. Elle est belle comme un cœur, bonne comme un ange, douce comme un agneau et vive comme un taon, à l’ouvrage ! Elle va à confesse tous les mois, et elle n’hésiterait pas à y aller plus souvent, la chère créature, si elle commettait le mal ! Mais je suis sûr qu’elle déteste trop les péchés pour en commettre !

Tenez ! elle me fait si bien penser à moi : chaque fois que je vas à confesse, je ne trouve rien de sérieux à dire, mais j’y vas quand même et souvent parce que je sais que le démon nous guette partout, le venimeux qu’il est ! Mais je sers le bon Dieu du mieux que je peux, je remplis fidèlement les devoirs de mon état, et j’espère que le ciel ne m’abandonnera pas…

Pardon, excusez-moi, père François, si je me suis éloigné un brin de mon sujet. J’y reviens. Donc, un jour, je dis à Melle  Jacqueline : « Je gage que vous n’aimez pas les garçons, vous ? »

Elle baissa la tête et devint aussi rouge qu’une cerise mure !