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au lit, il resta assis dans son fauteuil, les yeux grands et fixes comme ceux d’un halluciné…

Il lui semblait voir encore le fantôme s’approcher, le fouet à la main ! Il lui semblait aussi entendre ces paroles : « Danse le rigodon du diable ! Misérable ! qu’as-tu fait de l’argent que ton frère a gagné, au prix de son sang, à la bataille de Châteauguay ! »

Parfois, il lui prenait des envies d’appeler à son secours, mais la crainte de laisser deviner la cause de ses souffrances, lui fermait la bouche…

Pauvre malheureux ! il ne dépendait que de lui pourtant d’adoucir ses souffrances !

La prière lui aurait fait du bien ; le crucifix doré l’y invitait, mais il en détournait les yeux ! Ce jeune libertin n’avait qu’un regret : celui de ne pouvoir retourner le lendemain à ses plaisirs immondes…

« Alors, sembla lui dire le divin crucifié, puisqu’il en est ainsi, souffre donc, misérable ! »

La frayeur de Victor se dissipa un peu quand l’aurore vint éclairer sa chambre.

Il souffla sa bougie et se mit au lit avec l’espoir de trouver bientôt dans le sommeil l’oubli de ses tortures. Mais le sommeil s’obstina longtemps à fuir ses paupières, et ce n’est, que vers les six heures qu’il pût s’endormir.

Notre étudiant avait l’habitude de se lever