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— À bientôt, M. le candidat !

— Au revoir, mon futur gendre !

Tout en marchant, Victor se promettait bien de se montrer énergique et courageux en présence de Jean-Charles ; mais lorsqu’il fut rendu chez-lui, il vit le naturel, c’est-à-dire la peur, revenir un galop… Alors, pour donner du courage, ou plutôt de l’audace, il lampa une roquille d’une liqueur forte qu’il cachait dans un placard de son étude.

Je suis bon maintenant ! se dit-il, en lançant un épouvantable juron à l’adresse de son frère ! Je vais aller rencontrer l’éléphant au champ, afin que notre mère ne s’aperçoive de rien, car elle a encore l’oreille fine et l’œil clair, la vieille sorcière !

La liqueur commençait déjà à lui monter au cerveau !

Il aborde Jean-Charles par ces mots :

— Je viens t’annoncer une nouvelle qui va te surprendre, peut-être, mais dans le monde il faut s’attendre à tout… Je vais me marier prochainement, et devine avec qui…

— Déjà ? Il faut que tu aies bien confiance en ton étoile pour oser te marier si tôt…

— Je n’ai guère besoin, pour le moment, de m’occuper de la question du pain quotidien, car ma future est une riche héritière et son père l’homme le plus généreux de la création…